Edito
L’Europe ne fait plus rêver. Menacée par un repli de plus en plus crispé sur des identités nationales, affaiblie par une crise de confiance d’une ampleur inédite, elle est en passe de perdre tout crédit. À moins que… À moins qu’au vocabulaire de la crise, de la morosité et de l’austérité budgétaire, on substitue celui de la culture, de l’hospitalité et de l’enrichissement par le partage. À moins que l’altérité, c’est-à-dire la culture de l’autre, soit vécue comme un apport fécond et non comme une menace.
Depuis cinq ans, le festival Circulation(s) milite pour un décloisonnement et une confrontation des regards. Il propose un panorama effervescent de la création contemporaine en Europe à travers la photographie. La programmation s’articule autour d’une sélection de 20 artistes suite à un appel à candidature international. Elle
s’appuie aussi sur deux structures invitées – la galerie Breadfield (Suède) et la Focus Athens School of Art & Photography (Grèce) – et sur une carte blanche confiée à Nathalie Herschdorfer, la directrice du Musée des beaux-arts du Locle (Suisse) qui nous fait l’honneur d’être cette année la marraine du festival.
Pour cette 5e édition, ce sont donc 46 jeunes photographes venus des quatre coins du continent qui vont déployer de nouvelles visions, créer des chambres d’écho inattendues et réaffirmer que l’art constitue la plus belle des passerelles entre les peuples. Le meilleur lien aussi entre les générations, car l’édition 2015 se préoccupe plus que jamais d’ouvrir les yeux de ceux qui seront les citoyens de demain. Cette année est donc marquée par une nouveauté : une exposition sera organisée à hauteur d’enfant, pour que les plus
jeunes affirment leur perception du monde, dans un dialogue renouvelé avec les adultes qui les aideront à décrypter les images.
Si la vocation du festival est de faire émerger de nouveaux talents et de mettre en lumière la création photographique en Europe, il nourrit aussi l’ambition d’ouvrir des pistes pour l’avenir. En faisant circuler des images, Circulation(s) entend faire circuler des idées et créer de nouvelles dynamiques. La gratuité de la manifestation participe de cette volonté d’ouverture et d’engagement auprès de tous les publics. Coluche disait que « les portes de l’avenir sont ouvertes à ceux qui savent les pousser ». Dans une époque où les
portes ont tendance à se fermer, il est temps de s’unir et de se mobiliser pour faire en sorte qu’elles s’ouvrent de nouveau en grand.