AGNEL Juliette

Dans l’écriture de la lumière

France

2011Artiste présenté par la Maison du geste de l’image (France)

Résidence à la Maison du geste de l’image

Résidence MGI « écriture de lumière » 2010

Juliette Agnel présente, en même temps que le projet pédagogique qu’elle mène à la MGI, une photo extraite de sa série Laps, réalisée entre 2003 et 2006 à partir de films réalisés en Super 8 sur les routes de la côte d’Ivoire, de la Guinée, et du Niger.

Dans l’écriture de la lumière

(Vivre l’expérience de la formation d’une image dans un appareil photo).

Un sténopé (ou camera obscura) est une boîte peinte en noir, hermétique à la lumière, avec un minuscule trou, par lequel se dirigent les rayons lumineux. Ils viennent buter à l’intérieur de la boîte contre la face opposée au trou, pour former l’image inversée de la réalité extérieure.
Imaginée par Aristote puis décrite par Léonard de Vinci, elle fut beaucoup utilisée pour dessiner et étudier la perspective. On rajoute une lentille et des miroirs inclinés pour redresser l’image, puis en 1822, Niepce réalise la première photo en huit heure de pose, c’était « la vue du Gras ».

Caractéristiques techniques :
Comme le trou du sténopé est minuscule, il permet une grande variété du temps de pose (souvent long) et offre une très grande profondeur de champs.
On observe aussi parfois une déformation de la réalité, et des apparitions ou disparitions.
C’est une pratique fréquemment utilisée en milieu scolaire (avec l’utilisation de boîtes en carton ou en fer, peintes en noir avec un trou d’épingle), comme introduction à la photographie argentique.

Je propose, avec la MGI, une autre façon de profiter de l’outil du sténopé.
En augmentant sa taille (pour placer un observateur à l’intérieur) et en analysant la formation de l’image sur la surface, on ouvre le champ de la photographie comme matière même d’une image en création. On peut retranscrire cette image en utilisant des outils argentiques aussi bien que numériques.
Je propose donc d’emmener tous les élèves à l’intérieur de la boîte pour voir comment se forme cette image « primitive », et d’utiliser, pour la réalisation d’un travail photographique, toutes les particularités et les capacités d’un sténopé géant, mobile et immobile.

Deux versions d’un sténopé géant sont donc possibles :

1Version mobile :
Fabriquer un sténopé juste assez grand pour pouvoir rentrer dedans et qu’on puisse déplacer, type voiture à bras.
(La caravana obscura, fabriquée par Felten et Massinger, qu’elles utilisent avec du papier inversible cibachrome, est une version d’un sténopé de taille humaine et mobile. Atget, avec sa chambre et ses plaques de verre qu’il promenait dans Paris en voiture à bras, a ouvert la voix de la photographie documentaire).

2Version fixe :
Transformer des salles en sténopé au lycée, à la MGI, aux Halles.
Dans ce cas, c’est le public qui doit se déplacer de pièce en pièce, d’espace en espace, au cours d’un parcours organisé, pendant un vernissage par exemple, pour aller voir les images à l’intérieur des sténopés.

Quelles images ? :
Les images d’un quartier qui est sur le point de changer, le quartier des Halles, qui va être détruit et reconstruit prochainement.

Vers une rencontre du quartier à travers son histoire et sa population :
Pour les élèves, faire l’expérience d’un sténopé transportable autour des Halles, c’est aussi aller à la rencontre des gens qui traversent cet espace : les passants, les habitants, les commerçants. C’est partager avec eux l’expérience vivante du sténopé, leur proposer d’entrer dans la boîte, puis prendre en note leurs impressions, ou faire des prises de son autour de l’image découverte au fond de la boîte…

La production effectuée s’inscrit dans l’histoire du quartier des Halles (avec une réflexion sur des documents d’archive : autochromes, films…).

Comment retranscrire ces images ?

- Par des impressions directes sur papier photosensible (avec des allers-retours au laboratoire photo de la MGI).

- En re-photographiant l’image du fond de la boîte (avec un appareil numérique lié à la boîte).

- En filmant l’image en mouvement sur le fond de la boîte (avec une caméra liée à la boîte).

Les questions soulevées :

Faut-il retranscrire une image par l’image de l’image ?
Comment en parler ? Comment décrire une image (avec la référence inverse de Sophie Calle et sa série « les aveugles »).
Comment utiliser des prises de son ?
Quelles sont les spécificités de l’image d’un sténopé ?
Faut-il conserver son mouvement ?
Faut-il conserver sa vision inversée du réel (la gauche à droite, le haut en bas) ?
Notre œil, qui fonctionne de la même façon, inverse par lui-même les données…
La réalité est-elle celle que nous voyons ? (Hubert Reeves, L’espace prend la forme de mon regard / la physique quantique et l’expérience du chat de Schrödinger.)
Le sténopé mobile de taille humaine, allié aux techniques numériques, permet de traverser l’histoire de la photographie, de sa découverte jusqu’à la place qu’elle occupe aujourd’hui dans l’art contemporain.
La production personnelle dans la résidence.
Pendant le temps des ateliers, et en dehors des ateliers, des images seront produites, par les élèves, ou par moi.
Le travail fourni dans les ateliers sera réuni pour en faire un montage commun.
Les formes de restitution devraient être variées : des images en mouvement, des images fixes, des installations de sténopés au sein d’un parcours, des prises de son, et des textes (obtenus lors des rencontres faites autour du sténopé et du quartier des Halles).

à propos de l'artiste

Née en 1973, elle vit et travaille à Paris.
Après des études d’art plastiques et d’éthno-esthétique à l’université de Saint-Charles, Juliette Agnel est reçue aux Beaux-Arts de Paris. Elle obtient en 1999 son diplôme avec les félicitations du jury.
De ses études d’éthno-esthétique, elle conserve le goût des voyages et de l’observation, s’en suivent de nombreux séjours en Afrique où la pensée de Jean Rouch et les écrits de Michel Leiris l’accompagnent. Au Mali et au pays Dogon, elle réalise son premier film en Super 8 Geste du regard qui sera présenté aux musées de l’Homme de Paris et de Hambourg.
De 2003 à 2006, Juliette Agnel filme en Super 8 les routes de la côte d’Ivoire, de la Guinée, et du Niger. Elle fixe le mouvement de ses films pour en extraire des images. Ce temps suspendu permet d’aborder le temps de l’image et le temps des émotions. Cette intimité avec l’image « cinéma » permet à travers les couleurs, les matières d’en révéler une dimension très picturale. Ce découpage des images dans le diaporama Laps et dans la série de photographies qui en est extraite propose un nouveau rapport au temps, une extension de celui-ci et fait passer du cinéma à la peinture en utilisant la photographie.
En 2006 elle présente un nouveau film vidéo en noir et blanc Trois qui explore la matière et l’intime à la Galerie Shinhan à Séoul.

À Paris, elle enseigne à La maison du geste et de l’image les différentes approches de la photographie et sensibilise le public au rapport à l’image dans des ateliers pédagogiques. Se définissant elle-même comme plasticienne plus que comme photographe, ses collaborations avec d’autres artistes sont nombreuses. Elle publie dans un livre d’artiste des textes accompagnant les gravures de Thérèse Boucraut. En 2005 elle devient un membre actif du collectif La Générale et participe en tant qu’artiste et commissaire à l’exposition Flux. Pour le spectacle jeune public Le mouton cachalot, avec sa sœur, Sophie Agnel, au piano et Catherine Jauniaux à la voix, elle projette sur scène des images prises au zoo du Bronx à New York. Le spectacle tourne en France et en Europe depuis 2006.
Dans l’exposition collective Arcadia au château d’Oiron, en 2007, elle présente sa dernière série de photographies, Forêts (d’après Dominique Pineau).

CV

1992-1997 : Études d’art plastiques et d’ethno-esthétique à Paris 1.
1997 : École nationale supérieure des Beaux-arts de Paris.
2000 : DNSAP avec les félicitations du jury.
1999 : Bourses Colin-Lefranc à Genève.
Membre de la Générale depuis 2005.

{{Expositions:}}
2010 Mois de la photo off, galerie episodique, Paris.

2009
Expo-vente, galerie Lydie Trigano, Hôtel de Sauroy, Paris.
Supernova, laGénérale en manufacture, Sèvres (commissariat).
Rêv’art, Bezons.
Olhar e fingir, Musée d’art moderne de Sao Paulo, Brésil.

2008
Arcadia, château d’Oiron.
Portraits de femmes à Falret, CHRS Falret, Paris. Art Paris, galerie Émotion – Lydie Trigano, grand Palais, Paris. Plastique Danse Flore, journées du patrimoine, Château de Versailles.
Djenneba’s day, galerie Jamault, Paris.

2007
2×2 (Africulture) CFP, Rencontres africaines de la photographie de Bamako, Bamako, Mali.
Regarde! des enfants, Pavillon populaire, Montpellier.
M+M colleccio, Musée d’art contemporain de Palma de Majorque.

2006
M+M & friends, Maison d’art Bernard Anthonioz, Nogent-sur-Marne.
Yoga & café, Shinhan Gallery, Séoul.
Flux, l’étage, La Générale, Paris.
Salon H2O, Centre culturel Valery Larbaud, Vichy.
Formalacon, La Générale, Paris.

2005 Fringales, anciens abattoirs, Avallon.

2004
Femmes – Femmes, Galerie d’art du Conseil général des Bouches-du-Rhône d’Aix-en-Provence et Espagne.
Nature Cult’, musée des Avelines, Saint Cloud.
Die magische Welt der Dogon, Musée de l’Homme de Hambourg, Allemagne.
Salon H2O, Centre culturel Valery Larbaud, Vichy.

2001
Sincères félicitations, ENSBA, Paris.
Mulhouse 001, Parc Expo, Mulhouse.
Paris Photo, galerie Marion Meyer, exposition collective Histoire d’œufs, Les gens et les livres, France (salon du livre), Suède, Grèce.

{{Pédagogie:}}

1998 à 2001
Monitrice de la base photo de l’ENSBA.

depuis 2003
Interventions régulières à la Maison du geste et de l’image, Paris.

depuis 2005
Création d’un spectacle pour enfants à partir de 6 ans : Le Mouton-Cachalot
Piano : Sophie Agnel, voix : Catherine Jauniaux, images : Juliette Agnel.
Textes de Ramona Badescu.
Musique improvisée et projection d’images fabriquées sur la robe de la chanteuse (La Casa Encendida, Madrid ; conservatoire de Perpignan ; AJMI, Avignon ; Théâtre en Dracénies, Draguignan ; Maison Folie de moulin, Lille ; espace Gérard Philippe, Fontenay-sous-bois; Théatre la Noue, Montreuil-sous-Bois ; CCAM Vandoeuvre-lès-Nancy ; Pannonica, Nantes ; Théâtre Athénor, Saint-Nazaire ; Momix, Mulhouse ; Cité de la musique, Paris…)
Workshops autour de l’image improvisée.

2006-2007
Interventions au CIM de Bar le Duc dans le cadre d’un PLEA.
Projet sur une année avec un intervenant photo et un intervenant musicien.

depuis 2009
Formatrice de l’option photo à Prep’art, Paris.

{{Publications:}}

2006
Bronx, objet photographique réalisé en collaboration avec Patrick Le Bescont.
Monthly Photo, mensuel coréen, 12 pages, mois de juin.
M+M & friends, fondation nationale des arts graphiques et plastiques.

2004
Collection M+M Auer, Ides et Calendes, Neuchâtel.

2002
Femmes – Femmes, Actes Sud, Aix en Provence.

1999
Histoires d’œufs, Ides et Calendes, Neuchâtel.

2001
Sincères félicitations, catalogue d’exposition de l’ENSBA.