MESIC Lana

Lego Kalashnikov

2020

En 1991, alors que la Croatie proclame son indépendance, le nouveau président Franjo Tudjman déclare que tous les enfants croates doivent connaitre l’ennemi de la Croatie avant même de savoir lire ou écrire. En tant qu’enfant croate, Lana Mesić se trouve directement visée par cette déclaration. Même si elle n’en a pas conscience ouvertement, elle est élevée dans l’idée que l’ennemi des croates est omniprésent.

Pendant la guerre, les sirènes retentissent et ces mêmes enfants se cachent dans les abris antiatomiques. Lana Mesić se souvient de celui situé en-dessous de l’appartement familial, où elles jouent des heures durant avec ses amis. L’un de leurs jeux favoris consiste à reproduire les scènes qui se déroulent au-dessus de leurs têtes, mimant des mouvements empruntés à des films de guerre. Elle se souvient de leurs pistolets explosant en mille morceaux, fatigués d’être manipulés. Elle se souvient de savoir si bien les réparer. Elle se souvient qu’elles étaient si belles qu’on pouvait jurer que ces Kalachnikovs pouvaient tirer à balles réelles. Dans le jeu comme dans la vraie vie, elle ne vit jamais l’ennemi, ni même s’il existait réellement.

à propos de l'artiste

Née en 1987 en Croatie, Lana Mesić vit et travaille à Rotterdam. Elle est représentée par la Galerie LhGWR à La Haye. Diplômée de l’école de photographie de AKV St. Joost de Breda aux Pays-Bas en 2010, elle obtient son Masterdans le même institut en 2012. Le travail de Lana Mesić repose principalement sur la lutte constante des esprits face à ce qui n’a pas d’image. Avec curiosité, elle analyse notre façon de combler (subjectivement ou collectivement) ces vides visuels.