Edito

Affaiblie par une crise financi.re et morale, l’Europe ne fait plus rêver. En ces temps d’euroscepticisme, il s’agit pourtant de réaffirmer qu’au-delà des pressions de l’.économie et du marché, il existe bel et bien un projet européen qui nous fortifie et nous unit. Il est fondé sur le pouvoir de l’art et de la culture. L’Europe broie du noir ?

Donnons-lui de quoi se projeter dans l’avenir. Donnons-lui des couleurs, des humeurs, des visions, des chim.res. Donnons-lui un horizon. C’est ce à quoi s’emploie le festival Circulation(s) qui fête cette année sa quatrième édition. Crée en 2011 par l’association Fetart, Circulation(s) est à ce jour le seul festival en France dédié à la jeune photographie européenne.

Portée par son succès, la manifestation prend un nouvel élan et s’installe au CENTQUATRE-PARIS, sur une invitation de José-Manuel Gonçalvès, pour cinq semaines d’exposition en libre accès. Dans ce lieu effervescent, ouvert à toutes les créations et à toutes les cultures, vibrant de toutes les .énergies, quarante-cinq jeunes photographes proposent leur vision du monde et dialoguent par œuvres interposées. La sélection de ces artistes a été opérée par un jury, apr. un appel à candidature international. Elle s’appuie aussi sur deux structures européennes, la Belfast School of Art de l’université d’Ulster (Irlande) et la Galerija Fotografija . Ljubljana (Slovénie), ainsi que sur une carte blanche confiée à Xavier Canonne, directeur du Musée de la photographie de Charleroi (Belgique) et parrain de la présente édition.

Voici donc les images de jeunes photographes finlandais, espagnols, slovènes, irlandais, polonais… Ils s’inspirent de la tradition du photoreportage ou explorent les possibles de la photo plasticienne. Ils racontent des histoires de pom-pom girls octogénaires, de châteaux fortifiés, de forêts décimées et de nuits polaires. Ils sont portés par l’intime ou l’universel, l’absurde ou la rage. Ils sont les témoins de notre époque et les talents de

demain. Dans la marée des images qui nous submerge aujourd’hui, ils construisent celles qui nous rendent plus fort, plus lucides, plus combatifs, et ravivent ainsi la fougue du poète Francis Ponge qui écrivait, il y a quarante ans déjà, dans L’Atelier contemporain : Qu’une flamme soit nécessaire, nul doute. Pourquoi ? Pour attirer le regard. Pour attirer quelqu’un ? Mais, aussi bien, pour vous-même. Pour brûler quelques déchets qui encombreraient vos tuyaux de vie. Pour nettoyer, faire place nette, aspirer, réamorcer la vie.