DELANGLE Frédéric

Primates

France

2011Selection du Jury et du Fetart - Coup de coeur de la Maire de Paris

Il aura fallu plusieurs millions d’années à l’homme pour remonter dans les arbres. Les grands primates sont descendus des arbres pour devenir des hommes et après plusieurs milliers d’années passées sur le plancher des vaches ils ont decidé de remonter dans les arbres. Ils y remontent avec tout ce qu’ils ont acquis pendant cette période passé sur le sol, cet à dire la sagesse dont il ont tiré leur nom « homo sapiens ».

à propos de l'artiste

Trois ans, premier jour d’école : sa mère, institutrice, lui vante les bienfaits du système scolaire. Il aime sa mère, il la croit, il n’est pas inquiet.

Dix-neuf ans, le bac : il n’est toujours pas inquiet, le calvaire se termine. Seize ans d’ennui à perdre son temps sur les bancs d’une école inadaptée. A perdre son temps ? Pas tout à fait, car c’est là que tout commence.

Vissé à sa chaise sans avoir le droit de lire, de jouer, de dessiner, de parler ou de dormir, il lui restait une échappatoire : regarder. Regarder les élèves, le professeur, la salle de classe, l’extérieur ; regarder et imaginer.

Après le Bac, il choisit de se réconcilier avec les études en optant pour une filière qui a enfin un sens : le voici à l’Université Paris VIII, en route pour une maîtrise d’arts plastiques option image photographique. « Regarder », son occupation favorite pendant seize ans, prend alors une toute autre dimension ; la photographie devient son activité principale.

Vingt cinq ans il se dirige vers la photographie d’architecture, et parallèlement, mène un travail personnel sur le paysage à la chambre 4×5 inch. De cette période « d’errance photographique », il garde une aptitude à savoir chercher, avec l’envie d’atteindre ce qu’il y a de mieux chez un Lee Friedlander, un Jeff Wall ou encore un Jean Marc Bustamante, avec l’espoir de toucher à la perfection d’un Walker Evans ou d’un Thomas Struth, d’un Lewis Baltz ou d’un Robert Adams.

A quarante ans, il se rend compte à quel point cette quête est improbable. Avec sa nouvelle série réalisée en Inde « Ahmedabad no life last night », il apprend à gérer les compromis entre une recherche de justesse et une réalité technique dont il doit maîtriser les limites. Cette idée admise, il accepte dorénavant de montrer ce qu’il produit et ne fait plus table rase des précédentes séries, sur lesquelles il s’appuie désormais pour faire évoluer son travail. Il quitte l’agence Archipress et intègre la galerie Philippe Chaume puis plus tard la maison de photographes Signatures .

Dans sa quarante quatrième année, à l’ère du tout numérique, il a fait le choix d’utiliser plutôt le film et la chambre, utilisant un appareil digne des pionniers de la photographie. Un format qui le contraint (ce qu’il considère comme un atout) à prendre le temps de la réflexion et qui lui permet, grâce aux bascules et aux décentrements, de fabriquer, à la prise de vue, les images qu’il souhaite obtenir. Cependant, il n’abandonne pas l’idée de travailler avec un numérique, pour explorer de nouvelles pistes et la seule appréhension qu’il ait désormais, à cet âge avancé, c’est de savoir comment transporter cette chambre déjà lourde avec en plus un boîtier numérique et l’ordinateur qui va avec.